La Horde du Contrevent – Alain Damasio

 

J’ai commencé à lire ce livre sur les conseils de mon amoureux, qui me bassinait avec ce roman à longueur de journée pendant et après sa lecture. On va pas se mentir, je l’ai commencé surtout pour lui faire plaisir et pour qu’il me laisse tranquille avec ça et parce que je ne savais pas quel livre commencer à ce moment là. Je l’avais à peine entamé qu’une autre amie m’en parlait et me racontait que c’était LA découverte, qu’elle l’avait prêté à son cousin, qui l’avait prêté à un ami, qui l’avait prêté à un ami, etc… tellement le livre passionnait les lecteurs, qu’ils avaient ensuite envie de le faire découvrir à leur entourage, pour répandre la bonne parole. A ce moment là, ma curiosité était vraiment titillée.

Tant d’engouement autour d’un livre ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu ça. Et pourtant je découvre que ce livre date de 2004, (publié chez La Volte, puis chez Gallimard pour la version poche) qu’il a été connu justement par le bouche à oreille. Et sa réputation prend encore et toujours de l’ampleur de cette manière, à en finir par devenir culte.

J’ai donc ouvert ce livre sans savoir à quoi m’attendre (je ne lis pas souvent la 4ème couverture, pour éviter de me faire spoiler les 100 premières pages surtout quand c’est un livre qui m’a été recommandé).

Et j’ai été immédiatement aspirée dans le récit.


De quoi ça parle ?

On suit les aventures des 23 membres de la Horde du Contrevent, 34e du nom. Elle a débuté son long périple il y a déjà de nombreuses années, en partant d’Aberlaas (qui se situe à l’extrême aval de la terre) pour espérer atteindre l’extrême-amont et enfin découvrir l’origine de ce vent si fort qui balaye leur terre en permanence. Toutes les hordes précédentes ont échouées (mort, disparition, abandon), mais la 34e est la plus prometteuse de toute : elle a déjà 3 ans d’avance par rapport aux autres hordes, et des techniques forgées par les 33 qui les ont précédés pour contrer face au vent.

On découvre les péripéties de cette horde, qui avance à contre-courant face au vent et brave les tempêtes, seuls face à cette nature hostile, incompris dans ce monde en évolution, en quête d’un sens à leur vie. Immuables dans un monde qui se modernise, mais paradoxalement toujours en mouvements face aux abrités sédentaires. Formés dès l’enfance, les hordes sont prêtes à donner leur vie pour essayer d’atteindre ce mythique extrême-amont et sa promesse d’y trouver l’origine du Vent.

 


Il s’agit d’un roman choral, même si certains personnages prennent la parole plus souvent, et particulièrement Sov le scribe de la Horde. Chaque personnage a sa voix propre, cela renforce la personnalité unique de chacun d’eux : on y voit la dureté d’un personnage, l’érudition ou encore un accent étranger. L’écriture de Damasio est très fluide, il a un style bien à lui et a réussi à créer un monde réaliste et original. Le récit est totalement maîtrisé. Je ne suis pas habituée à rencontrer un univers aussi bien ficelé pour un roman unique, en général cela est plus le cas dans les romans décomposés en plusieurs tomes (et encore, il y a souvent des failles). En quelques pages seulement, cet écrivain nous fait croire à 100% à cet univers imaginaire, et nous fait comprendre ses règles au fil de l’eau.

En plus d’être envoutant, plusieurs lectures peuvent êtres faites de cette histoire : une critique sociale mais aussi la quête d’un sens à la vie, la quête de l’origine des éléments. Des questionnements qui sont somme toute universels. La force de cette quête est renforcée par le contraste avec la vie des abrités, ces gens normaux qui ne font que subir les éléments et vaquer à leurs occupations personnelles.

J’ai aussi apprécié les talents de poète de cet auteur, notamment lors du duel de Caracole à Alticcio, dont certaines parties m’ont époustouflées. On a de la chance que Damasio soit français, car ce passage doit être particulièrement difficile à traduire pour faire ressortir toute sa beauté.

En parlant de Caracole, ce personnage m’a beaucoup fait penser au personnage du fou, dans la saga L’assassin Royal de Robin Hobb, dans sa personnalité et sa manière d’être. Les deux personnages sont d’ailleurs tout deux très énigmatiques. A ceux et celles qui ont lu ces deux romans, vous me direz si vous avez aussi eu cette impression.

On soulignera aussi l’originalité de la notation pour signifier le narrateur en cours : des signes de ponctuation et caractères spéciaux. Un peu casse-tête au départ, on mémorise ensuite rapidement les plus courants. Damasio utilise aussi ces signes pour nous faire visualiser dans l’espace les formations que la Horde adopte face aux tempêtes.

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Certaines éditions proposent un signet récapitulatif. Bien pratique pour ne pas devoir jongler avec les pages

Comme vous l’aurez deviné en lisant ces lignes, je recommande à 100% la lecture de ce livre pour ceux qui comme moi n’en avait pourtant jamais entendu parler. Et aussi pour ceux qui en ont entendu parlé mais n’ont jamais pris le temps de le lire. Le livre nous tient en haleine tout le long. On le ferme époustouflé, comme si on remontait à la surface après une longue plongée sous-marine.

12 commentaires sur “La Horde du Contrevent – Alain Damasio

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  1. J’ai lu ce livre il y a quelques années de cela, et je l’avais moi aussi adoré… Et les passages de Caracole… Quel bonheur ! Ravie que le premier article de ce blog porte dessus, ça donne envie de vite lire les prochaines critiques !

    Aimé par 1 personne

    1. Oh oui je te le conseille vraiment si tu as le temps, lu et approuvé par plusieurs personnes qui plus ou moins les mêmes goûts littéraires que toi et moi 😉

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  2. Merci pour cet article, tu nous fais découvrir une œuvre plutôt intéressante. J’ai très envie de la lire à présent. Hop, dans la wishlist ^^. Bonne journée à toi! Charlotte

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  3. Très marrante ta chronique car j’ai saoulé aussi ma copine pour le lire et elle a adoré.
    J’ai relu ce roman plusieurs fois et je suis content de voir que, comme moi, tu trouves que le roman rappelle par certains passages la poésie. Je ne vois pas souvent ce comparatif sortir.
    Dans un genre tout à fait différent, Alain Damasio a également écrit La zone du dehors. Je le conseille aussi mais il faut avoir le coeur bien accroché. Son recueil de nouvelles est également pas mal et on retrouve cette poésie dans certaines, si tu veux tenter l’aventure.

    Aimé par 1 personne

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