Cannibales – Régis Jauffret

Résumé

Noémie est une passionnée, elle est passionnée par l’amour mais elle ne tient pas en place. C’est pourquoi elle décide de mettre fin à sa relation avec Geoffrey, un architecte beaucoup plus âgé qu’elle. Notre roman commence par une justification de sa part auprès de la mère de Geoffrey et c’est ainsi qu’une correspondance rocambolesque commence…

Ce que j’en pense

Un roman qui fait partie de la Rentrée Littéraire de 2016…Alors oui, j’ai quelques années de retard mais je compte bien me rattraper avec Les prénoms épicènes d’Amélie Nothomb (que je viens tout juste de terminer d’ailleurs ^^).

Régis Jauffret nous présente un roman moderne, sous une forme épistolaire et je dois bien avouer que c’est un genre que j’adore.

Pour la petite histoire, lorsque je l’ai acheté je ne savais pas qu’il s’agissait d’épistolaire, le livre était fermé et je l’ai uniquement jugé sur sa couverture (oui oui…mais je sais que cela vous arrive à vous aussi :p ). Et sans mauvais jeu de mot, le titre m’a immédiatement mis l’eau à la bouche.

On retrouve majoritairement la correspondance entres les deux femmes Noémie et Jeanne. Mais ces correspondances sont parfois coupées par l’apparition d’autres personnages comme le double de Noémie ou le fameux Geoffrey…

Ce qui m’a tout de suite plu, c’est cette alternance des personnages via la correspondance assez « old school » puisqu’il s’agit d’une correspondance papier. Au XXI ème, ça rend tout de suite la correspondance plus authentique et ça donne un petit arrière goût de romantisme que j’aime tant.


J’ai été étonnée par la richesse de la construction des personnages surtout pour un ouvrage si peu épais ! Il y a peu de personnages mais on s’attache rapidement à chacun d’entre eux bien qu’ils soient tous très différents.

Jeanne est une vieille femme qui, d’une certaine manière, en veut au monde entier d’être enfermée dans la solitude de son quotidien bien qu’il lui reste un fils adulte. On découvre une femme rongée par la nostalgie d’une vie à se mettre en quatre pour un mari autoritaire et un fils peu aimant. L’unique lien qu’elle entretient avec le genre humain c’est à travers cette correspondance avec son ex belle-fille.

Au contraire, Noémie est jeune et artiste peintre. On pourrait facilement la qualifier de femme fantasque, de par sa double personnalité mais aussi de par sa vision étrange de l’amour et des relations humaines en général. C’est avec elle que le roman commence, elle est d’une certaine manière la force instigatrice de la narration. Sa rupture avec Geoffrey donne naissance à une créativité sans borne que l’on retrouve dans la correspondance.

Quant à Geoffrey, il prend la parole que très rarement. Il est aussi présent dans le roman que dans la vie des deux femmes.


Cannibales ou une parole qui demeure

Le genre épistolaire : l’écrit, et de fait ce qui est dit, devient quelque chose d’immuable dans ce roman. On accorde donc une importance plus grande à la parole qu’aux gestes. Et il faut également remarquer que le langage utilisé par les deux femmes est un régal pour les yeux…

« La rupture, levée d’écrous, ivresse soudaine de ne plus porter l’autre sur son dos. Le calme après la déflagration. Mer d’huile, solitude originelle. Elle est confortable la solitude, c’est un berceau. On est quand même tristes, démantibulés, et puis on est furieux et puis on s’en veut de n’éprouver plus rien et puis on se prend à espérer que l’authentique amour demain on le rencontrera ». (de Geoffrey à Jeanne p. 91.)

La place aux femmes : de manière générale dans ce roman, la parole est donnée quasi- exclusivement aux femmes. On pourrait considérer cette dernière comme une parole créatrice à l’instar de la femme qui donne la vie. Sans la correspondance pétillante de ces deux femmes, il ne resterait que les rares bribes d’un homme : Geoffrey.

Le rythme : c’est un livre que j’ai lu d’une traite, le rythme nous invite à ne pas le lâcher (les lettres n’étant pas extrêmement longues). Le roman est divisé en trois parties, on retrouve un début qui m’a fait beaucoup rire et qui comprend des lettres assassines entre les deux femmes. Si vous voulez apprendre de jolies tournures de phrases pour vos prochaines disputes, c’est ici qu’il faut commencer ^^. Puis, on aperçoit un changement radical dans la correspondance : les deux femmes se rapprochent et cela se solde par l’élaboration d’un plan machiavélique. Je ne vous en dis pas plus au sujet de ce projet mais le titre du livre vous donne un bel indice 🙂 Et enfin, nous retrouvons le dénouement qui m’a particulièrement surpris mais je ne vais pas vous spoiler la fin tout de même !

Je conseille fortement cette petite pépite, qui parle d’amour mais pas que… L’humain est le thème centrale de cette œuvre… Seul bémol si je peux le dire ainsi, j’aurais adoré voir Geoffrey rôtir ! Mais bon, on ne peut pas tout avoir.

Comme le dit si bien Noémie :

« L’amour est beaucoup plus fou que je serai jamais folle, on l’enfermera avant moi ». (p. 121)

Judith

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