Lecture en V.O. (je ne sais pas si les prénoms sont les mêmes en VF)
On se replonge dans l’univers d’ À la Croisée des mondes, plusieurs années avant les événements de cette trilogie précédente. Lyra n’a que 6 mois et on va suivre les éléments qui
Le thème principal de ce roman est une lutte pour obtenir l’enfant, motivée par différents facteurs suivant les protagonistes :
- il y a déjà des prophéties concernant Lyra, certaines personnes appartenant à l’Eglise savent donc que ce bébé est très important.
- pour obtenir sa garde : Lord Asriel a assassiné le mari de Mrs Coulter, et n’a donc pas le droit de voir Lyra, alors que Mrs Coulter ne veut pas d’elle.
- Une sombre histoire de vengeance
L’histoire est principalement narrée via le point de vue de Malcolm (fils d’aubergiste et habitant en face du couvent qui accueille Lyra), et occasionnellement Hannah (une scientifique travaillant sur l’aléthiomètre et aidant une organisation secrète qui cherche à contrer l’Eglise).
Des mystères sont introduits, mais peu explorés pour le moment, on voit notamment les prémisses d’une partie plus importante sur la poussière et les recherches scientifiques à ce sujet ( en même temps nous sommes entrain de lire « Le livre de la Poussière », ce serait donc étonnant si le sujet n’était pas du tout abordé !
On reste sur notre faim avec ce livre malheureusement. C’est un livre-retrouvaille, avec pas mal de fan service : on recroise vite fait pleins de personnages de la 1e trilogie en mode clin d’œil. Mais sans certitudes que par la suite ils soient vraiment importants et leur histoire développée dans les deux prochains tomes (même si on peut l’espérer pour certains, comme Farder Coram (le conseiller du roi des Gitans dans A la Croisée des mondes)).
Peu d’éléments nouveaux sont apportés. Il y a bien quelques éléments pour en savoir plus sur les aléthiomètres (on peut espérer à terme découvrir comment celui de Lyra est arrivé là).
Mais dans le fond il ne se passe pas grand-chose, mis à part cette lutte pour obtenir Lyra, et les agissements obscurs de l’Eglise (puisqu’on connait déjà les grandes lignes de l’histoire avec la 1e trilogie). Malgré cela on rentre vite dans les péripéties de Malcolm, grâce aux talents de conteurs de Philip Pullman.
On pourra cependant argumenter que ce n’est que le premier tome d’une trilogie et donc un livre introducteur.
Paradoxalement j’ai tout de même hâte de lire la suite, pour en apprendre plus sur la Poussière et l’aléthiomètre.
Malgré ces défauts, il est à noter que des thèmes forts sont abordés dans ce roman. Même si les livres de Pullman visent avant tout un lectorat enfantin (pré-ado/ado), ils se lisent très bien à l’âge adulte, car il y a toujours plusieurs niveaux de lectures.
Comme dans la trilogie initiale, une critique de l’Eglise est omniprésente, même si elle se présente sous une forme quelque peu différente.
L’Eglise a un rapport ambigu face au Savoir : elle est à la fois propriétaire de savoir (à travers de nombreuses équipes de recherche scientifique), mais en même temps elle cherche à en maitriser sa diffusion, notamment en prenant le contrôle du système éducatif. Elle cherche à agrandir ses connaissances tout en réduisant celles du peuple. Elle veut aussi à éradiquer les opposants (autant ceux qui sont moins intégristes, ont des croyances différentes, ou ne sont pas croyants). Car la critique que fait l’auteur n’est pas tant sur les croyances à proprement parler, mais sur le dogmatisme et l’intégrisme.
Il y a aussi une remise en question des enfants qui sont utilisés par l’Eglise. Contrairement à la 1e trilogie, ici ils ne sont plus passifs via des expérimentations, mais bien des acteurs au service de l’Eglise. On voit d’ailleurs un parallèle avec le Nazisme et surtout les jeunesses hitlérienne. Cela aura probablement inspiré l’auteur (les enfants embrigadés dans les jeunesses hitlériennes qui dénonçaient même leur famille). De là à dire que Pullman compare l’Institution cléricale au Nazisme, il n’y a qu’un pas. Cela confirme que Pullman n’aime VRAIMENT pas l’Eglise.
Il y a aussi des évocations de violences sexuelles, tournées d’une certaine manière qu’elles doivent passer inaperçues pour un enfant. Le personnage de Bonneville est un prédateur dans plusieurs domaines. Dans la chasse pour Lyra, mais aussi justement d’un point de vue sexuel. A travers son daemon, on voit l’ambiguïté du personnage. A la fois beau et charmeur, mais en même temps mauvais et dangereux. Il arrive donc à séduire les femmes et les manipuler pour obtenir ce qu’il veut (à la fois une relation charnelle et des informations), mais il peut aussi vite déraper vers l’agression quand sa séduction échoue, et quand sa quête d’information à l’amiable faillit, il peut devenir très violent. Même si un enfant ne verra probablement pas les allusions aux violences sexuelles, il pourra comprendre qu’il ne faut pas toujours se méfier des apparences grâce à ce personnage.
Il est vrai que c’est difficile d’être objectif avec un livre qui a marqué notre enfance (et à quel point je me le demande, vu mes rapports avec la religion, mon pour amour pour la Suède et cette envie de voir des aurores boréales, difficile de dire si A la croisée des mondes m’a induit dans cette direction, ou si je l’ai adoré car les prémisses de ces traits de personnalités étaient déjà présents en moi). Cela reste aussi valable pour la suite/prequel dans un univers qu’on a adoré.
En ayant relu la trilogie il y a quelques mois (pour me remémorer le tout avant d’attaquer la Belle Sauvage), je suis toujours impressionnée même à travers mon regard d’adulte, par l’écriture de Pullman qui arrive à toucher plusieurs catégories d’âges, la qualité de son écriture, ses talents de conteurs et les niveaux de lectures possibles. Même si ce livre n’est parfait, qu’on pourrait lui reprocher une histoire de fonds un peu trop simpliste pour ce 1er tome, j’ai tout de même passé une bonne lecture et ait envie de lire la suite 🙂 !
😮 😮 😮 à ajouter dans ma PAL d’office!
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