Un peu de littérature de jeunesse pour cette nouvelle année ! Je suis vraiment contente d’avoir découvert cette pépite grâce à @bbtiz qui avait lancé un concours Instagram il y a quelque temps afin de gagner L’île du crâne ! J’ai alors appris que J.K. Rowling s’était laissée influencer par Anthony Horowitz pour l’écriture de sa saga Harry Potter. Étant une Potterhead comme beaucoup, l’univers d’Harry Potter me manque pas mal… Je ne fais pas partie des personnes qui ont aimé les Animaux fantastiques et autres dérivés pseudo novélisés du même genre alors je me suis lancée à corps perdu dans Horowitz !
Bref historique
Anthony Horowitz est un auteur et réalisateur britannique, qui a notamment écrit plusieurs séries pour la jeunesse. Le premier tome des aventures de David Eliot, intitulé en anglais Groosham Grange est publié au Royaume-Uni en 1988. Il est suivit de près par le second tome en 1990, intitulé The Unholy Grail. En France, les traductions sont arrivées assez rapidement au début des années 1990 et ont été publiées aux éditions Hachette, dans la collection « Bibliothèque Verte ». Rappelons-le, les diverses collections des éditions Hachette telles que, « Bibliothèque Rose », « Bibliothèque Bleue » ou encore « Bibliothèque Rouge et Or », ont été de réels précurseurs concernant à la fois la littérature de jeunesse et la littérature étrangère. C’est notamment en partie grâce à ces diverses collections que les romans étrangers ont vu le jour en France (les auteurs britanniques étant très prisés à l’époque!).
L’île du crâne
C’est le premier volet des aventures du personnage crée par Anthony Horowitz : David Eliot. David est un enfant turbulent qui s’est fait renvoyé de son école. Agacés, ses parents cherchent une solution durable en matière de scolarité. Un beau jour (comme par magie), ils reçoivent un prospectus concernant un pensionnat qui pourrait faire filer droit leur fils : Groosham Grange. Attirés par les méthodes strictes de l’école, les parents de David décident de l’envoyer dans le Nord du pays dans cette école aux allures militaires. Bien évidemment, David n’est pas enchanté par cette décision et se retrouve bien vite désemparé au milieu de toutes ces personnes étranges. Jour après jour, il découvre que l’école a de moins en moins l’air d’une école…Les élèves disparaissent pendant la nuit, certains reviennent changés, d’autres ne reviennent jamais. Mais que se passe-t-il donc à Groosham Grange? David va mener l’enquête, il en a le cœur net : cette école n’est pas normale.
Maudit Graal
C’est le second et dernier tome de la série et c’est bien dommage d’ailleurs qu’il y en ai seulement deux! On retrouve David et ses deux amis Jill et Jeffrey pour une nouvelle année à Groosham Grange. David veut être le premier de l’école et remporter le Graal, mais il n’est pas le seul à être bon élève…Vincent le suit de près et lui joue tous les mauvais tours possibles afin que David soit éliminé du concours et perde sa place de premier de l’école. Les coups bas s’enchaînent, pour David, il est impossible que ennemi puisse agir seul…Lui et sa joyeuse bande vont à nouveau devoir mener l’enquête afin de laver l’honneur académique de David.
Les thèmes
L’aventure
L’aventure : l’irruption du hasard ou du destin dans la vie quotidienne où elle introduit un bouleversement qui rend la mort possible, probable, présente, jusqu’au dénouement qui en triomphe (Jean-Yves Tadié).
Dans ce cas précis, les aventures et/ou mésaventures de David Eliot collent parfaitement à la définition que donne Jean-Yves Tadié qui est, rappelons-le, directeur de collection chez Gallimard. La notion de mort que Tadié mentionne n’est pas une fin en soi mais le moteur de l’aventure. La mort est ainsi un prétexte, mais il ne faut pas prendre ce mot à la lettre. En effet, ce moteur varie de façon significative en fonction des œuvres et de leur genre. Ici, la notion de mort correspondrait vraisemblablement à la peur du personnage principal (David Eliot) de ne pas entrer dans le moule comme les autres élèves et de fait, de manquer son initiation magique. Dans le second tome de ses aventures, « la mort possible » est caractérisée par la future « mort sociale » de David. Excellent élève, il doit se battre contre des mauvais coups qui le font passer pour un idiot et c’est ce combat qui va animer toute l’action de la diégèse.
Bien que l’aventure soit au cœur de ces deux romans, c’est avant tout le genre qui va le définir et ici, il s’agit du fantastique.

Le fantastique
Commençons par quelques petites définitions histoire de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde !
Ainsi se trouve-t-on amené au cœur du fantastique. Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l’événement doit opter pour l’une des deux solutions possibles : ou bien il s’agit d’une illusion des sens, d’un produit de l’imagination et les lois du monde restent alors ce qu’elles sont; ou bien l’événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire; ou bien il existe réellement, tout comme les autres être vivants : avec cette réserve qu’on le rencontre rarement. (Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Seuil, 1970, p. 29.)
Le fantastique est donc une suite d’événements qui vont faire hésiter et douter le personnage principal quant à la réalité du monde qu’il découvre.
Quand on parle de fantastique, on ne parle par uniquement de monstres (du verbe latin monere,monstrare, monstrum : avertir) mais aussi de la notion de passage. Le passage est un élément clé dans la littérature fantastique, c’est ce qui permet au lecteur de comprendre que l’on quitte le monde réel pour l’autre monde (l’autre monde étant une notion qui mériterait d’être définie, mais je vous garde ça pour un prochain article). Dans les romans d’Anthony Horowitz, les passages sont multiples et revêtent plusieurs formes. Le premier passage notable apparaît dès le début du roman lorsque le père de David tue sa mère (pas de panique, la mère Eliot a plutôt une bonne constitution haha). On voit donc se profiler un passage entre le monde des vivants et celui des morts. La mère de David étant curieusement immortelle, on peut même aller jusqu’à dire qu’elle fait elle-même office de passage entre le réel et le non réel (je reviendrai plus tard sur cet étrange personnage…). Le second passage est celui qui va mener David vers sa nouvelle école Groosham Grange : la traversée du lac par bateau. Et le troisième passage, qui est le plus important d’ailleurs, est celui qui va mener David vers son rituel initiatique de sorcier en pleine nuit.
Tous les codes du fantastique sont extrêmement bien respectés, la magie fait effet dès les premières pages et c’est pour ça qu’il m’a été presque impossible de lâcher ces deux romans…En effet, je les ai lu d’un traite 🙂
L’humour
L’aventure, le fantastique…Ce n’est pas uniquement cela que nous offre Horowitz… L’humour est présent tout le long du texte, un humour britannique rafraîchissant qui m’a fait rire bien souvent !! Je vais vous donner un petit aperçu :
Sa main avait trouvé le couteau à découper et il l’aurait lancé sur son fils unique si Mme Eliot ne s’était pas jetée sur lui la première. Elle prit six centimètres de lame d’acier dans la poitrine. […] M. Eliot se pencha pour retirer le couteau de la poitrine de sa femme, et s’en servit pour décacheter la lettre. (p. 14-15)

Étrangement, c’est toujours la mère de David qui est la victime des gags. Horowitz utilise la répétition pour appuyer ses effets comiques et c’est de pire en pire (ou plutôt de mieux en mieux pour nous lecteurs!). L’humour utilisé me fait beaucoup penser aux Monty Python et je pense qu’Horowitz y fait gentiment référence avec le titre du second tome Maudit Graal ! Le non-sens est la base de cette humour, c’est absurde et c’est pour ça que c’est drôle !
Et Harry Potter dans tout ça?
Au début de cet article je faisais brièvement allusion à Harry Potter de J.K. Rowling, alors nous y voilà! Bien évidemment, j’ai conscience que les écrivains ont beaucoup tendance à s’inspirer les uns des autres, surtout en fantasy, fantastique et science-fiction. Je pense notamment au Seigneur des Anneaux de Tolkien qui a vivement inspiré Les Chroniques de Shannara de Terry Brooks…Et c’est un exemple parmi beaucoup d’autres! Cela étant, ça ne nous empêche pas d’apprécier l’oeuvre originale et l’oeuvre que l’on pourrait qualifier de « dérivée ».
Les similarités entre les deux œuvres ( Horowitz et J.K. Rowling) sont tout de même probantes et je dois avouer que cela m’a mis mal à l’aise lors de ma lecture. Je vous présente donc un petit tableau avec les similarité qui m’ont le plus sauté aux yeux :
Anthony Horowitz |
J.K.Rowling |
Un jeune garçon découvre qu’il est un sorcier |
Un jeune garçon découvre qu’il est un sorcier |
Il est envoyé dans une école magique cachée aux yeux de tous |
Il est envoyé dans une école magique cachée aux yeux de tous |
Magie noire |
Magie blanche |
Eliot a 2 amis : Jill, une jeune fille très intelligente & Jeffrey, un jeune garçon un peu niais |
Harry a 2 amis : Hermione, une jeune fille très intelligente & Ron, un jeune garçon un peu niais |
Le père d’Eliot : autoritaire, gros et joufflu La mère d’Eliot : grande, mince et sèche |
L’oncle de Harry : autoritaire, gros et joufflu La tante de Harry : grande, mince et sèche |
Groosham Grange = château |
Poudlard = château |
Bien sûr, l’histoire n’est pas totalement la même mais la similarité entre les personnages et leur caractères respectifs m’ont paru un peu gros ! La touche d’humour chez Horowitz permet de différencier les deux œuvres. Eliot n’a pas de sorcier malveillant qui lui court après depuis sa naissance et Harry n’est pas un élève turbulent qui s’est fait renvoyer de plusieurs écoles. Cela peut vous paraître insignifiant mais en tant que fan d’Harry Potter, j’ai eu un peu de mal à avaler la pilule…Harry Potter n’est pas si original que ça finalement, naïve que je fus!

Anthony Horowitz : oh oui, oh oui, oh oui !
C’est donc un auteur à ne pas manquer ! J’ai commencé par la série David Eliot et je ne vais pas m’arrêter là! Cette année je compte lire sa série Alex Rider et je sais d’avance que je ne vais pas être déçue! Je vous conseille vivement de vous lancer, il n’y a vraiment rien à jeter !
Bonne lecture !
Judith
J’ai découvert L’Île du crâne au collège grâce à une professeur de français qui avait eu la très bonne idée de l’inscrire au programme. Ca m’a permis de découvrir la plume d’Anthony Horowitz qui est, je trouve un très bon auteur jeunesse. A la suite de ça, j’ai dévoré les aventures de son héros-espion : Alex Rider ! J’ignorais, par contre, qu’il y avait une suite à L’Île du crâne et j’irai la découvrir au plus vite^^
J’aimeAimé par 1 personne
Je vais bientôt commencer la série Alex Rider justement 🙂 Maudit Graal est plutôt sympa aussi ! On retrouve le même humour et une intrigue un peu plus poussée que dans le tome 1!
J’aimeAimé par 1 personne