Premier livre lu dans le cadre du Prix du Roman Cezam-Inter CE 2019. J’en avais beaucoup entendu parler en bien sur la blogosphère et sur Instagram, d’où mon choix de commencer par cette lecture. Et je n’ai pas été déçue par cette décision.
J’aimais la nature et sa parfaite indifférence. Sa façon d’appliquer son plan précis de survie et de reproduction, quoi qu’il puisse se passer chez moi. Mon père démolissait ma mère et les oiseaux s’en foutaient. Je trouvais ça réconfortant. Ils continuaient de gazouiller, les arbres grinçaient, le vent chantait dans les feuilles du châtaignier. Je n’étais rien pour eux. Juste une spectatrice. Et cette pièce se jouait en permanence. Le décor changeait en fonction de la saison, mais chaque année, c’était le même été, avec sa lumière, son parfum et les mûres qui poussaient sur les ronces au bord du chemin.
De quoi ça parle ?
La narratrice, dont nous ne connaîtrons jamais le prénom, vit dans une famille comme il y en a beaucoup : une petite maison dans un quartier pas très riche, un père un peu trop autoritaire et colérique avec un certain penchant pour la boisson, une mère totalement effacée, et son petit frère Gilles qu’elle aime plus que tout. Les deux enfants passent tout leur temps libre à jouer et rire ensemble.
Jusqu’au jour où ils sont témoins d’un tragique (mais grotesque) accident. Gilles, qui n’est encore qu’un petit garçon, en est profondément traumatisé. Il se renferme – et le petit garçon jadis facétieux devient taciturne. Entendre à nouveau son rire devient une obsession pour la narratrice. C’est maintenant le but principal de sa vie, qu’importe les difficultés ou les dangers, notamment vis à vis de son père de plus en plus abusif.
Mon avis :
Pour être honnête, en lisant les premières pages j’étais assez sceptique, et me demandais ce qui pouvait bien avoir plu dans ce livre. C’était somme toute le début d’une histoire bien banale et morne qui s’annonçait. Quelle erreur d’appréciation, j’ai fini par ne plus le lâcher !
Ce livre monte en puissance au fil des pages : pas à pas, de petits éléments du quotidien s’amoncellent et mènent inexorablement vers un final explosif qu’on attendait plus.
On se trouve face à un roman d’apprentissage, jalonné par plusieurs points clés : l’accident, la désillusion de l’enfance quand on se rend compte que la magie n’existe pas, la perte de confiance dans les adultes, la recherche de l’indépendance au travers de l’éducation, les premiers émois amoureux et sexuels, l’émancipation du diktat familial.
De ce récit naît une sensation assez paradoxale : on perçoit à la fois la poésie de l’enfance et de ses croyances fantasques, mais aussi des aspects cauchemardesques d’une jeunesse volée.
-Mélissa.
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