Aujourd’hui, je vous présente le roman cyber-punk Toxoplasma. Publié chez La Volte sous le nom David Calvo, l’auteur se fait désormais appeler Sabrina.
– OK, enchaîne Nikki, vous avez un problème avec les ados morts. Que pensez-vous de Scanners 2 ? The New Age ? Oui ?
Elle leur vend sa soupe : il y a plusieurs suites à Scanners, le film de David Cronenberg sur les agents aux pouvoirs psy, capables de tuer avec des fréquences inconnues — deux suites officielles, puis un Scannercop et un Scannercop 2. Mais c’est vraiment The New Age qui tire son épingle du jeu, en proposant une virée exponentielle dans la conspiration. Un mystère épais, paranoïaque, aux ramifications sans fin. Une plongée dans le glauque des salles polyvalentes, du mal en costume-cravate, du pouvoir tout-puissant des grilles de calcul, d’un capitalisme sans tête, sans âme, partout à la fois, qui sait tout, voit tout, entend tout, et des soldats de l’ombre qui luttent contre cet enfer conceptuel où l’humanité est aujourd’hui enfermée, célébrant la toute-puissance de la commodité sans se poser la question du pourquoi. C’est un scanner qu’il faudrait, une armée de scanners pour lire l’intimité de ces pensées infertiles, de ces mensonges. Une clarté, une vigilance ouverte. Une transparence.
-Oui, mais, est-ce qu’il y a une histoire d’amour ? demande le mâle, intrigué.
-Ah, mais bien sûr monsieur. Il faut beaucoup d’amour pour faire exploser une tête.
Tout d’abord, je vais faire une mention spéciale pour la maison d’édition de ce roman, La Volte , que j’apprécie particulièrement. Pour le moment tous les romans de cette maison d’édition que j’ai lu sont vraiment originaux. De par la construction du texte ou des chapitres, du style de l’auteur, de l’histoire, etc…, ces livres sortent vraiment des sentiers battus. De plus, c’est une maison d’édition française et indépendante, spécialisée dans la littérature de l’Imaginaire. Bref un condensé de ce que j’apprécie le plus comme littérature actuellement ! Alors je m’attache à lire de plus en plus de livres et d’auteurs qu’ils nous ont permis de découvrir. Pour le moment il y a eu Le Déchronologue de Stéphane Beauverger (chronique en cours d’écriture), et bien évidement les livres d’Alain Damasio ( La Horde du Contrevent, qui fût ma toute 1ère chronique sur ce blog ; Les Furtifs que j’ai fini il y a peu). Et je compte bien agrandir ce champs de lecture dans les prochains temps !
J’aurais aimé avoir un coup de cœur pour ce livre, mais il n’est jamais arrivé. Pourtant ce roman a de nombreuses qualités, c’est indéniable, dont une principale : il est extraordinairement original (le contraire aurait été étonnant vu comme je vous ai présenté la maison d’édition XD ). J’ai aussi bien aimé les références aux nanars, étant moi-même fan de ce genre cinématographique. Un univers cyber-punk intéressant, sorte de post-apo rétro (retour aux technologies des années 80-90). Je sais que c’est un mouvement florissant en littérature, mais me concernant je n’en ai pas vraiment lu, alors j’ai trouvé cela appréciable (peut-être que l’on s’en lasse à force ?). C’est pour moi encore plutôt original pour les romans de littérature de l’imaginaire.
Il y a aussi de nombreuses phases philosophiques, poétiques très appréciables. Des réflexions que ce monde fictionnel (et forcément sur le notre en même temps), sur la vie en générale aussi.
Mais ça n’a pas suffit. L’originalité ne fait pas tout, même si elle est à saluer dans le monde littéraire ; que des auteurs arrivent encore à réinventer la littérature, la SF, dystopie et anticipation, c’est toujours appréciable. Car on a parfois l’impression que ça tourne en rond sinon.
Il y a plusieurs points qui m’ont gênés : notamment des inter-textes qui restent mystérieux pendant une grosse partie du roman ( sous forme de dialogue type forum/chat ; parties en italiques). Mais même si c’est déroutant au début, je vous assure qu’on finit pas comprendre ce que c’était ^^
Un autre point négatif : il y a vraiment beaucoup de vocabulaire informatique, du hacking, des jeux en lignes. Si on est pas familier de cet univers (ce qui est mon cas), le lecteur peut avoir du mal à comprendre la totalité de nombreux passages. Au final cela donne un peu la même impression que quand on lit un livre en langue étrangère mais que notre niveau n’est pas encore optimal. On comprend le sens général, mais non les subtilités. Et c’est dommageable pour l’expérience de lecture.
Je n’ai pas non plus réussi à m’attacher aux personnages. Les deux personnages principaux (Nikki et son ex), sont en fin de compte assez similaires. De plus elles restent plutôt lisses, on ne finit pas par bien les connaitre. Or pour moi, dans une expérience de lecture réussie il faut qu’on ait l’impression de connaitre un minimum les personnages intimement, pour réussir à les cerner et comprendre toute la portée de l’histoire qui est racontée.
J’ai aussi été dérangée par cette impression de « gloubi boulga » dans la construction de l’univers : on a à la fois un mélange de magie, technologie vintage (culture geek), thriller, meurtres, énigmes et enquêtes, post-apo, mais en même temps monde qui se veut un minimum réaliste. On finit par se perdre dans la superposition d’ univers, de comment ça se recoupe au final, sur qui sont vraiment les ennemis que les personnages doivent affronter. Bref vous l’aurez compris, je n’ai pas forcément réussi à mettre toutes les pièces du puzzle en place une fois ma lecture achevée.
Une dernière critique à ajouter : Le titre est expliqué, mais on se sait pas vraiment si c’est vrai ou non; étant donné que c’est le titre on pourrait se dire que oui, mais rien au fil du roman ne nous l’assure, c’est juste une hypothèse loufoque qui n’est jamais ni infirmée ni confirmée. Ce suspens est un peu frustrant car dans ce monde étrange, difficile de réussir à se faire une opinion nette et précise, on a pas assez d’éléments.
En résumé, même si j’ai apprécié l’originalité de ce roman et son univers, j’ai malheureusement été déçue par un manque de compréhension globale de ce qui est conté.
Et vous qui l’avez aussi lu, qu’en avez vous pensé ? avez vous eu le même ressenti mitigé que moi ?
A très vite,
Mélissa