Les femmes sont comme des baguettes, utilitaires et jetables, alors que les hommes sont les poutres solides qui soutiennent le toit d’une maison.
Ce début d’année a été marqué par de belles découvertes en bande dessinées, mangas et autres lectures graphiques. Cependant, je me suis aperçue que j’avais délaissé mon premier amour en littérature : la littérature asiatique. Je viens donc vous parler de littérature chinoise, Baguettes chinoises de Xinran, publié aux éditions Picquier poche en 2011.
Trois, Cinq et Six sont les aînées d’une famille composée de six filles qui vit dans un village de l’Anhui. Dans une Chine en proie à de grands changements sociaux et démographiques, les trois sœurs sont amenées à chercher un emploi dans la grande ville de Nankin. Grâce à leur détermination et leur envie d’apprendre, les trois sœurs vont peu à peu montrer à leur famille et à leur village que les femmes baguettes peuvent elles aussi devenir des poutres.
Mon avis
Xinran nous amène au cœur de l’intimité chinoise et nous fait découvrir un pays en plein bouleversements politique, sociologique et démographique. Ses baguettes chinoises sont le symbole d’une nouvelle Chine, un pays où la femme quitte son rôle de servante pour une émancipation à travers le travail.
L’opposition rural/urbain est omniprésente et la critique de la ruralité n’est pas aussi acerbe que l’on pourrait le penser. Certes, rare sont les petites filles qui atteignent un haut niveau scolaire, les tâches de la maison et aux champs étant plus importantes. Xinran nous décrit une campagne où les traditions sont importantes et nécessaires pour maintenir la hiérarchie dans les villages. Les apparences sont la première crainte des villageois, il ne faut pas perdre la face !
Cette face tant appréciée en Chine, la famille de Trois, Cinq et Six l’a perdu. La cause? Six filles et pas un seul garçon n’est naît de l’union de leur parents.
Ce texte nous parle des femmes, des sœurs, des traditions, de la Chine. Mais avant tout il parle de nous tous. Le personnage de Trois est le premier à quitter le foyer en cachette et c’est à travers ses yeux d’ingénue que nous découvrons pour la première fois Nankin et son fourmillement d’innovations sociales. Trois, c’est celle qui tombe amoureuse, qui essaye sans trop oser et qui prend position. Cinq, c’est celle qui a toujours été considérée comme la moins intelligente de la famille, c’est celle qui veut toujours en apprendre plus, celle qui étonne son entourage et surtout celle à qui on s’attache le plus. Six, c’est celle qui est la plus intelligente, la plus douée en langues et c’est celle qui veut connaître le monde et faire connaître le sien.
C’est un texte simple qui met en valeur les différents rouages de la vie à travers l’histoire de trois jeunes filles qui ont le pouvoir de s’émanciper, je vous le recommande vivement!
Judith