Parut entre 2016 et 2018 aux Etats-Unis, nous retrouvons ici l’intégrale du comic Motor Girl de Terry Moore, publié en France en 2018 aux éditions Delcourt. Une fois de plus, j’ai lu cet ouvrage dans le cadre du Prix Cezam de la BD 2019.
Vous l’avez probablement constaté à force de lire ce blog, les comics n’ont pas vraiment leur place dans mes lectures habituelles. Je suis plus attachées aux romans en grande majorité, puis aux romans graphiques et BDs. Même si je suis une grande amatrice de S-F, fantasy et fantastique, je n’ai jamais vraiment accroché aux super-héros que l’on retrouve habituellement dans les comics ; exception faite pour la série Jessica Jones que j’ai vraiment adoré, mais je suppose que c’est surtout pour son côté féministe ainsi que ses acteurs que j’affectionne particulièrement, Kristen Ritter et David Tennant. Mais je m’éloigne du sujet là !
De quoi ça parle ?
Le livre s’ouvre sur une citation :
Je suis convaincu que la vie extraterrestre est très répandue dans l’univers, bien que la vie intelligente le soit moins. Certains estiment même qu’elle n’a pas encore fait son apparition sur la planète Terre.
– Stephen Hawking.
Samantha est une héroïne de guerre, rentrée depuis peu d’Irak où elle a servit son pays pendant trois missions. Elle travaille désormais à l’écart du monde dans la casse auto d’une vieille dame, Libby. Accompagnée de son ami imaginaire Mike, un gorille de 2 mètres, elle répare des voitures en attendant de se remettre pour de bon de son syndrome post-traumatique. Mais soudain, tout semble se détraquer autour de cette casse : un OVNI en panne fait irruption dans leur jardin, des hommes en costard veulent forcer Libby à vendre le terrain de la casse, etc… – décidément il se trame quelque chose d’étrange dans les environs !
Ce que j’en ai pensé :
Chaque chapitre (correspondant aux 10 tomes publiés indépendamment) s’ouvre sur une citation, en rapport plus ou moins proche avec le comic. Pour la plupart de belles phrases philosophiques, qui nous font bien réfléchir. J’ai beaucoup aimé cet aspect-la du livre.
Le cœur du thème qui est exploré ici est le syndrome post-traumatique qui touche les soldats revenus de mission – thème très fort. C’est intéressant car ce thème là était déjà présent dans un livre que j’ai chroniqué il y a peu, Le dernier Magicien de Megan Lindholm, et sous bien des aspects ce syndrome est retranscrit de manière similaire, notamment sur l’aspect des difficultés à discerner ce qui est réel ou non.
On entre jamais dans le registre du pathos, même si le sujet abordé est lourd. Samantha est une héroïne complexe, frappée de douce folie. A la fois fragile de part ses crises de douleurs et ses hallucinations, mais aussi forte physiquement et psychologiquement car elle a déjà vécut le pire à la guerre. Ce personnage est bien développé en profondeur, et cela donne énormément de puissance au récit. On s’attache beaucoup à cette femme.
Terry Moore nous mène en bateau, entremêlant le vrai et le faux, la réalité et les délires imaginaires. Si bien que comme l’héroïne, nous avons parfois un peu du mal à savoir ce qui se passe vraiment et ce qui provient de ses crises de délire – ce qui est clairement le but cherché par l’auteur.
On se laisse pleinement emporter par ce récit bien dosé, à la fois tragique, humoristique, avec de l’action et émouvant. N’oublions pas aussi de mentionner le coup de crayon de l’auteur, qui lui aussi est fort sympathique. Le lecteur ne sort pas indemne de cette lecture, car on s’attache énormément au personnage principal et au sort qui lui est réservé.
Une très belle lecture en somme, même si ce n’était pas non plus un coup de cœur. Ce comic vaut le coup d’être lu 😉