COUP DE CŒUR
Autant l’an dernier avec Ces jours qui disparaissent, le coup de cœur avait été une vraie surprise, autant cette fois je m’y étais préparée. Bien évidement, avec des attentes trop grandes on risque toujours d’être déçue ; Mais que nenni, aucun doute à avoir pour le coup, même si on part dans un registre un peu différent : Le Patient de Timothé Le Boucher, publié aux éditions Glénat, est lui aussi génial ! J’ai donc littéralement dévoré ce roman graphique aussitôt que je l’ai eu entre mes mains.
De quoi ça parle ?
Le livre s’ouvre sur une femme ensanglantée qui déambule dans la rue. Quelques pages plus tard, on commence à suivre l’histoire de Pierre Grimaud qui sort tout juste de six ans de coma. Toute sa famille a été assassinée lors du drame plus connu sous le nom du « massacre de la rue des Corneilles », il en est le seul survivant. Paralysé et amnésique, Pierre Grimaud doit rester à l’hôpital le temps de sa rééducation. Une psychologue du nom d’Anna Kieffer s’occupe de sa thérapie dans le but avoué de comprendre qui a assassiné sa famille et pourquoi. On se rend compte qu’Anna n’est pas étrangère à ce dossier ; en effet c’est elle qui s’est occupé du suivi de Laura, la sœur de Pierre, qui a été accusée des meurtres mais s’est suicidée peu de temps après. Au fur et à mesure des séances de thérapie, la relation entre Pierre et Anna se complexifie….
Ce que j’en pense :
Timothé Le Boucher a un dessin bien à lui – simple mais efficace, qui rappelle beaucoup le dessin dans les mangas. J’apprécie notablement le choix des couleurs. Dans cet opus on a de nombreuses cases métaphoriques, philosophiques, qui certes ne sont pas emplies par une foison de petits détails mais apportent bien de la profondeur au récit ; or c’est tout ce qu’on demande. Au final, même si ce dessin épuré a parfois été reproché à l’auteur, personnellement je trouve que ce style se marie parfaitement avec les histoires qu’ils nous raconte. Cette netteté met en exergue le point central de l’histoire : les personnages et leur psychologie. Et puis, son talent majeur il faut le reconnaître, c’est bien du côté de la narration qu’on le trouve !
L’histoire nous est narrée sous la forme d’un polar. Et il faut dire que la narration est très riche et maîtrisée : le rythme de l’intrigue est soutenu, on a des retournements de situations, des plans crus, des personnages secondaires aussi développés et pas juste survolés au minimum syndical….. bref tous les ingrédients pour être happés par le récit. On ne peut que lire ce livre d’une seule traite ! Au travers de ce roman graphique, l’auteur explore la nature humaine et la psychologie de ses personnages.
J’ai relu plusieurs fois la fin pour être sûr de bien avoir tout compris. D’ailleurs, je pense le relire une 2ème fois maintenant, pour retrouver les indices qu’y ont probablement dû être disséminés tout le long du récit. C’est d’ailleurs toujours sympathique ces lectures qui diffèrent suivant si c’est la 1ère lecture ou si c’est une re-lecture.
Timothé Le Boucher confirme ici son talent de narration. Il est définitivement le nouvel auteur français à suivre dans le paysage de la bande-dessinée, en passe de devenir un des grands auteurs contemporains !