Broadchurch, le roman écrit par Erin Kelly en 2014 (éditions Delpierre) est basé sur la première saison de la série télévisée du même nom, réalisé par Chris Chibnall en 2013.
Nous voilà donc en pleine novélisation ! ! ! !
Avant de vous présenter ce roman policier, je veux avant tout vous parler brièvement de ce qu’est la novélisation. Pour les moins courageux d’entre vous (je vous pardonne), rendez-vous un peu plus bas !
Jan Baetens, universitaire à Louvain-la-Neuve propose une définition de la novélisation et c’est cette définition que l’on gardera pour cet article : “ la novélisation c’est la transposition d’un film ou d’un scénario original sous forme de roman”.
La novélisation est un des concepts les moins connus en littérature, mais ce n’est pas un concept nouveau, il est apparu à la même période que le cinéma.
Le but de la novélisation est de mettre en lumière des précisions psychologiques des personnages qui ne sont pas visibles à l’écran. De plus, c’est un moyen qui fut mis en place pour les personnes qui pour des raisons géographiques ou idéologiques n’avaient pas la possibilité d’aller au cinéma. La novélisation permet également de revivre l’univers du film d’une autre manière. Dans les années 1930, la novélisation a subit une crise majeur et après la Seconde Guerre Mondiale, le concept retrouve son succès d’antan notamment grâce à l’apport américain (on peut citer notamment des maisons d’édition telles que Marabout et France – Empire).
En général, on fait coïncider la date la publication du livre et la sortie du film. Ces novélisations ont un succès immédiat mais elle ne dure que quelques mois et on ne trouve pas de réimpression.
On peut d’ailleurs parler d’une certaine avant-garde culturelle.
Notons que le terme de novélisation s’écrit sous deux formes, celle que j’utilise et la suivante : novellisation.
Source :
BAETENS Jan, La Novellisation : du film au roman, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2008.
Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas plongée dans un roman policier et cela fait bien !
Broadchurch fait partie de ces romans qui font ressentir chez le lecteur toute une palette d’émotions. Pour ceux qui n’ont pas regardé la série avant leur lecture, il va sans dire que le dénouement va vous dérouter. Et pour ceux, qui, comme moi, ont regardé la série avant, cela ne gâche en aucun cas la lecture, bien au contraire. A chaque page on revoit les visages des acteurs qui incarnent les personnages. Et quels acteurs ! David Tennant, Olivia Colman et Jodie Wittaker notamment !

Mais Broadchurch, de quoi ça parle?
Danny Latimer, un jeune garçon de onze ans est retrouvé mort sur la plage de Broadchurch, un village portuaire du sud de l’Angleterre. Le Capitaine Alec Hardy et son Lieutenant Ellie Miller mènent l’enquête dans cette communauté qui fut autrefois si soudée…
On suit principalement l’enquête sur la mort de Danny à travers trois points de vue. Celui d’Alec Hardy, Ellie Miller et Beth Latimer, la mère de Danny. Ces différentes perspectives embrouillent très clairement le lecteur, on ne sait plus à qui se fier dans cette ville. Et, le narrateur lui-même ne semble pas extrêmement fiable.
Tous ces mystères qui planent autour de la mort de Danny, le passé de certains personnages, tout est fait pour nous faire commettre des erreurs du début à la fin.
Le style d’Erin Kelly est fluide, les chapitres sont courts et c’est avec plaisir que l’on passe d’une page à l’autre ! C’est un huis clos que je recommande que vous ayez vu la série ou non.
Ce qui est intéressant pour le cas de cette novélisation c’est le fait que ce soit un scénario d’une série télévisée qui a été utilisé. Le plus souvent ce sont les films qui sont novélisés et pas n’importe quels films. De nos jours, il s’agit essentiellement de films d’animation destinés aux plus jeunes. Je pense notamment à Shrek qui a été novélisé dans la collection Bibliothèque Rose d’Hachette. Notons, d’ailleurs, qu’Hachette possède le monopole de romans novélisés pour la jeunesse avec ses différentes collections : Bibliothèque Verte, les Mini Rose, etc…
Pour moi, ces deux supports travaillent de concert pour rendre la diégèse et le scénario plus réaliste. La psyché des personnages, et je pense surtout à celui de Beth Latimer, est extrêmement bien détaillée à l’écrit comme à l’écran. Néanmoins, le roman permet au lecteur de vivre à travers elle et de prendre momentanément sa place, le temps de saisir les émotions qu’elle transmet aux autres et ce qu’elle ressent.
Je ne sais pas si on peut dire de la novélisation que c’est un nouveau genre recyclé de la littérature (encore et toujours ce satané débat sur la question du genre), mais en tout cas, c’est un genre qui me plait et qui mérite d’être connu. Bien évidemment, je ne pense pas que toute oeuvre cinématographique ou télévisuelle peut se permettre d’être novélisée. Je pars du principe que la novélisation doit absolument apporter quelque chose de plus à l’oeuvre originale. Ici, le roman d’Erin Kelly apporte plus de profondeur aux personnages entre autre et nous permet de vivre une expérience qui n’était pas visible à l’écran.
Je m’arrête là pour la novélisation et Broadchurch. Si je reste trop longtemps agrippée à mon clavier je risque de produire un article bien trop long pour le bien de ses lecteurs !
Bonne lecture!
Judith
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