On adhère carrément à ce rendez-vous fort sympathique proposé par Les Bavardages de Sophie! Le concept est simple, chaque semaine nous nous retrouvons pour vous faire partager une citation de la page 31 de notre lecture en cours. Cela vous permet de découvrir de nouveaux styles littéraires et au passage on peut également se faire une petite idée sur le livre proposé 🙂
Titre : Beloved
Auteur : Toni Morrison
Edition : 10/18
Date de parution : 1989
Genre : Roman
– Quand je vous ai quittés, ces gars sont venus et m’ont pris mon lait. Ils sont venus exprès pour ça. Ils m’ont maintenue de force et ils l’ont pris. Je les ai dénoncés à Madame Garner. Elle avait cette boule et ne pouvait pas parler, mais les larmes lui ont ruisselé des yeux. Les gars ont appris que je les avais dénoncés. Maître d’Ecole en a obligé un à m’éclater le dos, et quand ça s’est refermé, ça a fait un arbre. Il y pousse toujours.
– Tu as eu droit au fouet?
– Et ils m’ont pris mon lait.
– Ils t’ont battue, et t’étais enceinte?
– Et ils m’on pris mon lait !
Les blancs anneaux de pâte grasse s’alignaient sur la plaque. Une fois encore Sethe effleura le fourneau de son index mouillé. Elle ouvrit la porte du four, et y enfourna la plaque de petits pains. Alors qu’elle se relevait pour échapper à la chaleur, Paul D fur derrière elle, les mains sous ses seins. Elle se redressa et sut, sans pouvoir le sentir, qu’il pressait sa joue contre les branches de son prunellier.
Sans même s’y efforcer, il était devenu le genre d’homme qui peut entrer dans une maison et faire pleurer les femmes. Parce qu’avec lui, en sa présence, elles pouvaient se laisser aller. Il y avait quelque chose d’infiniment bon dans son attitude. Les femmes le voyaient, et avaient envie de pleurer – de lui dire que la poitrine leur faisait mal, et les genoux aussi. Des femmes fortes et sages le voyaient, et lui disaient les choses qu’elles ne se racontaient qu’entre elles ; que longtemps après le retour d’âge, le désir en elles était subitement devenu intense, avide, plus sauvage que lorsqu’elles avaient quinze ans, et que cela les embarrassaient et les rendait tristes ; que secrètement, elle aspiraient à mourir – pour en être quittes ; que le sommeil leur était lus précieux que n’importe quelle journée de la veille.
En route pour le classique de ce mois d’octobre !
Judith
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