Marie-Antoinette l’indomptée – Elisabeth Reynaud

Hello ! On se retrouve aujourd’hui pour parler d’un livre d’un genre un peu différent que d’habitude, avec la biographie intitulée Marie-Antoinette l’indomptée, écrite par Elisabeth Reynaud et publiée aux éditions L’Archipel. Je n’ai pas pour habitude de lire beaucoup de biographies, mais j’avoue être fascinée par les grandes femmes de l’Histoire (Sous les jupons de l’Histoire est un peu mon émission plaisir-coupable 😁), c’est pourquoi j’ai eu envie de découvrir plus en détail la vie de cette reine.

Cet article émane d’un service presse, et je remercie chaleureusement Mylène de chez L’Archipel pour l’envoi.

Antoinette, toute frêle, couverte de diamants, étincelle sous les yeux fascinés de la foule de fidèles. Elle vit ces jours-là dans une sorte d’ivresse bienfaisante qui lui dérobe momentanément la cruauté de la suite.

Car le 21 avril est le jour terrible des adieux. Elle semble assez nerveuse, n’ayant sans doute que très peu dormi. Serrée dans les bras de ses frères et soeurs et de sa mère, qui lui susurre, la supplie de lui écrire le plus souvent possible, elle grimpe comme dans un songe, les larmes aux yeux, dans le magnifique carrosse que le roi de France a fait venir tout spécialement pour elle.

Résumé éditeur :

Qui fut vraiment Marie-Antoinette ? Pour le découvrir, il a fallu, par-delà les siècles, entendre sa voix. En s’appuyant sur les correspondances, chroniques, mémoires rédigés au XVIIIe siècle par les ambassadeurs, ministres, gouvernantes, duchesses et femmes de chambre, Elisabeth Reynaud nous donne à lire son journal intime.

Celui d’une femme, qui eut le courage d’afficher sa singularité et de s’affranchir de l’étiquette pesante de la cour de France, où elle arrive en 1770, à 14 ans, pour épouser le dauphin.

On y entend ses cris d’amour, d’orgueil, de colère ou d’angoisse. On découvre au plus près celle qui fut l’épouse de Louis XVI, l’amante du comte de Fersen, l’amie passionnée de la Polignac, mais aussi la mère de quatre enfants, dont trois moururent en bas âge.

Le portrait de celle qui monta à l’échafaud le 16 octobre 1793, à la veille de ses 38 ans, ayant affronté son destin.

 

Mon avis :

On va suivre Marie-Antoinette de ses 14 ans (peu avant son mariage avec le futur roi Louis XVI, en 1769) jusqu’à sa mort en 1793. C’est un livre qui détaille de près son quotidien : son entourage, ses passions dévorantes pour la mode et le jeu, ses problèmes conjugaux (de nombreuses années s’écoulent avant que le mariage soit consommé), l’amour pour ses enfants, sa relation passionnelle avec son amant, les complots qui se trament contre le couple royal et particulièrement contre sa personne, ainsi que leurs derniers jours au moment de la Révolution française.

Elisabeth Reynaud se place véritablement du côté de Marie-Antoinette, avec un discours plutôt pro-monarchie et royaliste. Elle essaye de trouver des explications à tous ces comportements qui ont pu être reprochés à ce personnage au cours de l’Histoire. On entrevoit la reine sous un aspect différent de la plupart des écrits ou reportages dont elle est le sujet, bien plus positif. En opposition, le peuple est vu de façon plutôt négative, et particulièrement les groupes qui déclencheront la Révolution.

« Ce sont les mêmes qui se délectent face aux supplices publics des condamnés, les yeux injectés de sang qu’ils aiment à voir couler, un rictus aux lèvres, harassés de crasse et de honte, ayant oublié l’homme, défigurés par la folie de leurs actions.  » p 334

Au fil des pages, on observe une évolution dans le comportement de Marie-Antoinette, qui va s’assagir avec le temps, notamment vis-à-vis de la mode et de sa passion pour les jeux. On constate au travers de ce personnage l’oisiveté de la monarchie et de la noblesse qui induit toutes sortes de vices pour combler le temps (fêtes, courses de chevaux, jeux d’argents, soirées libertines (auxquelles la reine ne participe pas)). On apprend tout de même qu’elle se couchait tous les jours à 7h du matin, étonnant !

De par ses tenues luxurieuses et ses coiffures extravagantes à des prix exorbitants, la cours et la Couronne ruinent les artisans en n’honorant pas ses dettes. Beaucoup de grandes maisons mettront la clé sous la porte par leur faute. Marie-Antoinette est une reine généreuse qui dépense sans compter avec ses proches, ses amis et leur entourage : elle attribue des pensions et des traites à tour de bras. C’est un trait de sa personnalité qui va attirer de nombreux profiteurs dans son entourage. Beaucoup de ses prétendus amis ne sont là que pour assouvir leur soif de pouvoir et de richesse. Pourtant d’après l’auteure, contrairement à ce qui a souvent été reproché à cette reine, ce ne sont pas toutes ces dépenses qui étaient les plus importantes et qui ont mis en difficulté le royaume sur le plan financier. Les plus grosses dépenses étaient surtout dues à la guerre et notamment avec la participation de la France à la guerre d’Amérique. Marie-Antoinette était juste le bouc-émissaire idéal pour les révolutionnaires.

 

Abordons le sujet de la forme maintenant. On notera, et cet aspect n’est pas des moindres, que le tout n’est pas décrit sur un ton neutre comme on pourrait s’y attendre pour un travail historique. Bien au contraire, le ton employé est plutôt familier. L’auteure adopte des surnoms pour parler de la reine (par exemple « Toinon »), elle utilise également les surnoms que Marie-Antoinette employait pour désigner son entourage (ex : « Mousseline » pour sa fille ainée ; « Mme l’étiquette » pour la comtesse de Noailles). Il semblerait que l’auteure veuille donner voix à la reine au travers de ses propres interventions. Cependant, même si je comprends l’effet recherché, cet aspect de l’écriture m’a dérangé. En lisant une biographie je m’attends à un travail plus neutre. Mais c’est une affaire de goût personnel.

On constate, et particulièrement au début du livre, une accumulation de noms et de descriptions alors qu’on n’est pas encore familier avec les différents protagonistes ; si bien qu’on a du mal à suivre et retenir tout. J’ai trouvé cela beaucoup trop lourd en début de livre, même si c’est pour décrire une scène type photo. Cela n’aide vraiment pas à rentrer dedans, et cet aspect m’a donné un apriori négatif pour la suite de ma lecture. Je me sentais un peu perdue.

« On voit encore sous les frondaisons de cette clairière, le duc d’Orléans, petit-fils du Régent, son fils, le duc de Chartres, qui sera Philippe Egalité et votera la mort du Roi à la Révolution, le prince de Condé, le duc et la duchesse de Bourbon, le prince de Conti. Le duc de Penthièvre, endeuillé à jamais de la mort de son fils, prince de Lamballe, près de sa belle-fille chérie, Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, âgée de vingt-et-un ans, qui vient de perdre son époux deux ans auparavant. » p33

J’ai aussi eu un peu de mal avec les nombreuses allusions aux événements futurs. Cela est fait pour mettre en emphase l’aspect dramatique de la vie de cette reine, en comparant les moments bien-heureux face aux drames à venir. Je comprends le but recherché, mais pour moi ce ressort est utilisé de trop nombreuses fois, si bien que cela devient redondant. La plupart des gens connaissent le destin de Marie-Antoinette dans sa globalité, si bien que le lecteur est à même de faire cette mise en perspective de lui-même, sans qu’on lui rappelle sans cesse.

« Comment pourrait-elle deviner, au sein de faits d’inconséquences, qu’elle va bientôt passer, presque sans transition, des usages de la vieille monarchie aux cris de « ça ira ! » des factieux armés de piques ?  » p 134.

Dans une biographie, un point important vient des sources sur lesquelles s’appuient les recherches qui ont permis de constituer l’ouvrage. Certes on a une belle bibliographie sélective qui prouve l’énorme travail de recherches effectué par l’auteure (même si ça manque un peu de référencement précis dans les citations, aucune note de bas de page n’est là pour sourcer). Toutefois un point m’a particulièrement gêné : de nombreux passages sont présentés comme le journal intime de Marie-Antoinette, cependant il n’est jamais précisé si c’est réellement écrit de sa main, ou si l’auteure s’est mise à sa place pour lui donner voix. On ne sait donc pas quel crédit il faut apporter à ces passages. On se demande donc quelle part est romancée dans toutes les informations que l’on reçoit au fil des pages. C’est une précision que j’aurai aimé connaitre avec certitude, or malgré mes recherches annexes je n’ai pas trouvé la réponse. Il semblerait que ce soit romancé, mais cela reste confus dans ce livre. C’est un aspect réellement gênant pour un ouvrage présenté comme une biographie.

 

Elisabeth Reynaud aborde la vie de Marie-Antoinette avec fraicheur de par la positivité du portait dressé. C’est un ouvrage bien détaillé, intéressant pour toute personne voulant en apprendre plus sur la vie de cette reine. Il apporte un regard de la Révolution française sous un angle différent. Cependant quelques points sur la forme m’ont dérangé, et notamment le fait que l’on ne sache pas si les extraits de journaux intimes sont authentiques ou romancés par l’auteure. Par certains aspects on se rapprochera donc plus du roman historique que de la biographie à proprement parler.

 

A très vite pour une nouvelle chronique,

Mélissa


 

exe_marie_antoinette_reynaud_153.inddTitre : Marie-Antoinette l’indomptée

Auteur : Elisabeth Reynaud

Éditeur : L’Archipel

Nombre de pages : 445 pages

Prix : 22€

Date de sortie : février 2020

ISBN : 9782809827828

 

3 commentaires sur “Marie-Antoinette l’indomptée – Elisabeth Reynaud

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