Hello ! Aujourd’hui je vous présente un roman pas tout jeune mais qui vient d’être réédité aux éditions Archipoche : Les Mains d’Orlac écrit par Maurice Renard et publié initialement en 1920. Pour autant je ne le qualifierais pas de « classique », car même s’il eût un certain succès et connût plusieurs adaptations cinématographiques, il n’est pas non plus considéré comme un incontournable de la littérature française et n’a pas eu la reconnaissance qui pourrait le classer dans cette catégorie. Je remercie chaleureusement Mylène des éditions Archipel pour l’envoi de ce livre.
Ce mort, qu’on venait d’emporter comme un bloc de matière désormais inutilisable, cela faisait ressortir assez hideusement combien les cliniques ressemblent à des ateliers. La chair vivante y est traitée sous le bistouri comme le bois sous la varlope et le fer sous le laminoir… Qu’une cassure irrémédiable se produisit tout à l’heure, pendant la trépanation de Stéphen, et demain le fourgon viendrait débarrasser l’usine de ce mécanisme hors service !
De quoi ça parle ?
Stéphen Orlac, célèbre pianiste, est victime d’un accident de train qui lui endommage gravement sa santé et surtout ce qu’il a de plus précieux : ses mains. Prête à tout pour essayer de sauvegarder son outil de travail, sa femme le confie à un éminent mais fantasque chirurgien, qui essayera de sauvegarder leurs capacités de virtuose en vain. De retour chez eux, de nombreux phénomènes des plus étranges se manifestent : des apparitions spectrales, des couteaux plantés dans la porte, des bijoux qui disparaissent comme par magie d’un coffre fermé à clé… jusqu’à des meurtres dans l’entourage du couple. Que s’est-il vraiment passé le jour de cet accident ? Quelle procédure a donc réellement effectué le chirurgien pour tenter de sauver ces mains si précieuses ?
Mon avis :
Pour une fois depuis longtemps, je ne vous mets pas le résumé éditeur pour vous donner un aperçu du synopsis, alors qu’en temps normal je les préfère à mes propres écrits (car je n’ai pas l’impression de savoir écrire de bons résumés). Pourquoi faire ce choix aujourd’hui alors me direz-vous ? Car cette quatrième de couverture en dévoile beaucoup, mais alors vraiment beaucoup trop ! Une des révélations majeures est indiquée dessus, alors qu’elle apparaît page 241 sur… 288 ! Ce résumé spoile donc plus ou moins 80% du roman… Alors certes, il reste encore des retournements de situation, et le dénouement final, mais un nombre vraiment trop important d’éléments majeurs y est révélé. Cela m’a un peu gâché ma lecture, j’aurais aimé les découvrir par surprise.
Pourtant il faut souligner que ce reproche n’est pas à imputer à cette maison d’édition en particulier. En faisant quelques recherches, j’ai pu constater que le résumé des éditions précédentes en dévoilait plus ou moins tout autant. On peut légitimement se poser la question de pourquoi en dévoiler tant au lecteur avant même qu’il n’eusse le temps de se plonger dans le roman. Probablement pour justement lui donner l’envie de commencer cette lecture, car il est indéniable que les éléments divulgués sont ceux qui font le charme et l’attrait du récit. Ce sont ces mêmes éléments qui m’ont donné envie de le lire en premier lieu.
Cependant rassurez-vous, même en connaissant d’avance ces « révélations », qui cassent un peu la montée en suspense, c’est un récit qui se lit très bien et j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dedans. C’est un roman de genre, dans la lignée de Poe, Stevenson, Shelley, Wells et bien d’autres encore, qui ont clairement influencé cet auteur. On y retrouve cette ambiance noire, des scientifiques un peu fous, des personnages torturés, une pointe de surnaturel, de la nécromancie, et une touche particulière avec de l’ésotérisme. Mais surtout l’ambiance m’a rappelé celle des films de série B, genre que j’adore tout particulièrement. C’est la 1ère fois que je lis un livre dans ce style, et je comprends pourquoi il a eu plusieurs adaptations cinématographiques, il s’y prête totalement !
On peut aussi considérer ce livre comme un « roman d’époque », car on y retrouve le charme des années 1920, avec une action qui se situe dans le monde de la petite bourgeoisie et nous amène à voir une description de la société, de ses activités, de ses moeurs, de ses costumes, ce qui nous fait voyager dans le temps avec justesse. De plus, le style de l’auteur est très agréable à lire : souvent poétique, un maniement de la description et des détails bien dosé, un mélange d’action, de suspense, de retournements de situation crédibles. Et malgré sa date de parution, c’est un roman qui a très bien vieilli dans son langage. Le vocabulaire et le phrasé ne paraissent pas obsolètes, ce qui rajoute au confort de lecture.
C’est donc une histoire avec laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir. Je vous recommande ce roman si comme moi vous êtes amateur des auteurs tels qu’ Edgar Allan Poe et/ou si vous êtes fan de films de série B – dans ces cas, il devrait vous enchanter tout autant que moi 🙂 Evitez juste de jeter un coup d’œil au résumé pour ne pas trop vous gâcher le déroulement de l’histoire !
À très vite pour une nouvelle chronique,
Mélissa
Titre : Les Mains d’Orlac
Auteur : Maurice Renard
Éditeur : Archipoche
Nombre de pages : 288 pages
Prix : 7,95€
Date de sortie : 1920 / mars 2020 pour cette édition
ISBN : 9782377354269