L’extrait du mois #2 : L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage

On se retrouve ce mois-ci pour notre seconde édition cette année de l’extrait du mois. Je vous présente un extrait de L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage de Haruki Murakami publié aux éditions Belfond. Haruki Murakami fait partie de mon top 10 des auteurs d’Asie que je lis depuis maintenant très longtemps. Bien qu’aucune chronique sur notre blog fasse référence à ses œuvres pour le moment (travail en cours), je voulais vous faire découvrir les quelques lignes d’une de ses œuvres dont on entend parler très rarement.

Les divers bruits s’étaient fondus en un seul, qui résonnait au fond de ses oreilles comme une stridulation. Un son particulier, perceptible seulement au sein d’un silence profond et sans fin. Il ne provenait pas de l’extérieur. Il prenait naissance à l’intérieur même de son propre cœur. Tout le monde vit avec ce son qui lui est spécifique. Mais on a rarement l’occasion de l’entendre.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, il eut le sentiment que le monde avait subi diverses modifications. La table en plastique, la tasse à café blanche, la moitié de son sandwich, la vieille TAG Heuer à remontage automatique à son poignet (héritée de son père), le journal du soir qu’il avait commencé à lire, les rangées d’arbres le long de la rue, les vitrines des magasins, en face, font les lumières s’intensifiaient. Tout semblait s’être insensiblement déformé, tordu. Le contour des choses était incertain, rien ne présentait plus de véritable relief. L’échelle aussi était différente. Il respira profondément à plusieurs reprises et, peu à peu, retrouva son calme.

Ce n’était pas la jalousie qui le torturait. Ce sentiment-là, Tsukuru le connaissait. Il l’avait expérimenté dans toute sa plénitude. Une fois, une seule, en rêve. Ce qu’il avait éprouvé alors était encore présent en lui. Il savait à quel point la jalousie était suffocante, à quel point aussi elle était désespérée. Ce n’était pas ce genre de souffrance qu’il ressentait à présent. C’était seulement de la tristesse. La tristesse d’un homme abandonné au fond d’une fosse profonde et obscure. En définitive, pourtant, ce n’était jamais que de la tristesse. Rien de plus qu’une souffrance physique. Tsukuru s’en trouvait plutôt reconnaissant.

Bonne découverte à tous !

Judith

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