Hello ! On se retrouve aujourd’hui avec une chronique dont le titre est bien à propos en cette période XD . Promis, ce n’est même pas fait exprès, je l’avais commencé avant le confinement ! La Zone du Dehors est le tout premier roman d’Alain Damasio, parut en 1999 aux édition Cylibris, puis réédité en 2007 dans une version révisée aux éditions La Volte. C’est cette 2ème version que j’ai lu. Et d’ailleurs le nom de cette maison d’édition provient de ce roman, c’est le nom du mouvement révolutionnaire auquel appartient le protagoniste principal, Captp. Allez, c’est parti pour cette chronique !
La Volte, c’est le combat d’après. Celui de la vie après la survie. De la vie lorsque nos organes ne crient plus « faim ! », « soif ! », « malade ! ». Personne non plus ne viendra le mener à notre place. Il ne remplacera jamais le premier, non, mais il le relaie. Et lui donne une extension qui, en noblesse et en difficulté, le vaut. Jusqu’à peu, et encore maintenant sur Terre, vivre ne pouvait être une recherche — vivre, c’était tâcher de survivre. (…) Alors nous devrions avoir honte, hein ? Honte de quoi ? Honte d’avoir la grandeur de vouloir inventer ce que vivre peut être ? Au lieu de sans cesse se retourner pour dire : « Les pauvres Terriens ! Ils boivent l’eau souillée à même les flaques… Quelle chance d’avoir le robinet à commande vocale ! »
Résumé éditeur :
2084.
Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s’opprime plus : il se fabrique. À la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu’on forme, tout simplement. Au cœur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur espace, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution. En perdant beaucoup. En gagnant tout.
Premier roman, ici réécrit, La Zone du Dehors est un livre de combat contre nos sociétés de contrôle. Celle que nos gouvernements, nos multinationales, nos technologies et nos médias nous tissent aux fibres, tranquillement. Avec notre plus complice consentement. Peut-être est-il temps d’apprendre à boxer chaos debout contre le swing de la norme?
Mon avis :
La Zone du Dehors est un roman d’anticipation et de science-fiction, qui est assez visionnaire par beaucoup d’aspects qui se sont réalisés depuis sa date de publication. On pense notamment à l’aspect ultra-sécuritaire, aux systèmes de notations et commentaires entre citoyens qui n’est pas sans rappeler ce qui se passe en Chine ( et un épisode de la série Black Mirror, je sais très bien que vous y avez aussi pensé). Ce roman nous amène, comme souvent en S-F, à réfléchir sur la nécessité de modifier certains aspects de nos sociétés, avant que leurs dérives et leurs effets ne soient trop graves ou extrémistes.
Contrairement à beaucoup de récits d’anticipation, Damasio finit son roman sur une note d’espoir après les critiques. Il se veut visionnaire d’un monde réinventé, et propose quelque chose au lieu d’uniquement critiquer. C’est un auteur qui croit profondément en l’humain, il a espoir pour nos sociétés de réussir à surmonter nos défauts et agir. C’est au fond un grand optimiste, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord.
Cependant, j’ai trouvé ce livre un peu longuet par moment, et j’ai accroché assez tardivement à l’histoire, quand le rythme s’accélère un peu avec l’attentat de la tour TV (soit environ à la moitié du livre, ce qui est plutôt long pour un livre de 650 pages), puis j’ai à nouveau décroché car la tension baisse avant le dénouement final. La conclusion traîne malheureusement un peu en longueur, même si c’est dans cette partie que Damasio nous démontre sa vision d’une société idéale. Je n’ai donc pas été transcendée par cette lecture, même si cela reste un livre intéressant du point de vue du développement de la pensée de l’auteur.
Et là, on s’approche de ce qui a pu me gêner dans ce livre, et que nous allons voir plus en détail dès à présent : l’importance de la politique. En effet, la partie romanesque passe parfois en second plan, si bien que l’on a par moment l’impression de lire un manifeste politique (un chapitre est d’ailleurs un cours de politique que le personnage donne à l’université). À titre de comparaison, je trouve que le roman Les Furtifs a un meilleur équilibre politique-fiction.
Cet aspect très politisé est ce qui explique que j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le récit. C’est un livre qui expose la pensée de l’auteur. Il semble évident que Damasio se reconnait en Captp, c’est encore plus flagrant en l’ayant déjà entendu parler et discuter de politique lors de débats et échanges avec lui auxquels j’ai eu la chance d’assister.
Pourtant, l’auteur ne veut pas imposer un point de vue, il expose sa théorie et l’ouvre au débat. Il y a une certaine lucidité sur la politique actuelle et sur le confort qui nous pousse à rester sur nos acquis. Damasio veut lancer le débat, faire réfléchir les gens, créer des interactions. Il amène aussi toute une réflexion sur ce qu’est la liberté, sur ce qu’on veut vraiment dans sa vie, qui m’a mise bien mal à l’aise, appuyant des points de ma vie qui parfois me gênait déjà un peu. Il y a aussi une lucidité sur les limites de l’anarchisme et du modèle qu’il propose : il en explore la mise en place pour démontrer que ce n’est pas parfait, mais quand ça fonctionne cela peut-être superbe. Bon il ne m’a pas convaincu sur l’anarchisme, mais sa vision à le mérite d’être très bien exposée.
Faire le choix de lire le 1er roman de Damasio en dernier, est un choix que je ne regrette pas du tout. En effet il permet d’avoir du recul sur cet écrit. On y voit tout le potentiel de l’auteur, non encore à son apogée, avec les prémices des jeux de mots, de ponctuation, un champs lexical qui se retrouve dans ses romans suivants, etc… On note aussi une obsession sur le mouvement, qui est remarquable en ayant lu ses autres romans, sinon je pense que le lecteur n’y prête pas forcément attention.
C’est donc un roman dont la lecture aura été mitigée. L’aspect politique l’emporte souvent sur la fiction, si bien que l’on a du mal à rentrer dans l’histoire, qui traîne parfois en longueur. Pourtant l’aspect politique a tout de même le mérite d’exposer clairement et avec lucidité le point de vue de l’auteur, poussant au débat et à élargir sa réflexion. Ce n’est pas avec ce roman qu’il faut, je pense, aborder l’oeuvre de cet auteur ; mais si on aime la politique et/ou la vision de cet auteur, il reste intéressant à découvrir.
J’ai beaucoup aimé sa post-face, et surtout ces dernières lignes qui sont les phrases les plus saisissantes de ce roman dans une certaine mesure, je conclurais donc comme lui sur ces mots :
La liberté, elle est pour moi ce dehors, intérieur à chacun de nous, dont ceux qui nous gèrent voudraient tant faire une Zone. Ou mieux : une norme.
Sachons nous ouvrir pour agrandir cette poche, qui est poumon — et vent pulsif. Osons même, parfois, élargir la cicatrice et refuser le cocon consumériste, les consolations et les soins.
Parce que ça fait mal, d’être libre.
Alain Damasio
Titre : La Zone du Dehors
Auteur : Alain Damasio
Editeur : La Volte / Folio SF pour la version poche
Nombre de pages : 650 pages
Prix : 11,5€
Date de sortie : 2007
ISBN : 9782070361335
Je pensais trouver un autre livre de Damasio après La Horde du Contrevent mais non 🙂
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Tu as déjà lu Les Furtifs de cet auteur ?
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Non juste La Horde du Contrevent 🙂
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Ah ! Alors si tu cherches un autre roman de cet auteur, celui là je te le recommande 😊 c’est de la SF et non de la fantasy comme pour La Horde du Contrevent, mais j’ai adoré ! L’auteur joue encore plus avec la langue, la ponctuation… C’est un petit bijou
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Je retiens, merci beaucoup ☺️
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