C’est officiel : je viens de terminer ma PAL Xinran. Il me reste encore trois livres de cette auteure à découvrir mais ils ne sont pas encore dans ma bibliothèque.
Aujourd’hui, je vous présente Parlez-moi d’amour qui est publié aux éditions Picquier. C’est un témoignage qui est dans la même veine que Chinoises et qui vaut certainement le détour pour ceux qui sont intéressés par la Chine et son histoire politique et sociale.
Résumé de l’éditeur
Comment parle-t-on d’amour en chinois?
A travers les récits de quatre générations de femmes d’une même famille, nous découvrons un témoignage bouleversant sur la vie réservée aux Chinoises par l’Histoire. Des unions arrangées pour compatibilité révolutionnaire aux jeunes filles d’aujourd’hui pour qui le mariage n’est plus une fin en soi, ces racontent le sentiment amoureux, l’attente, les souffrances et la perte, la solitude.
La politique, l’Histoire sont là, mais bien d’avantage tout ce dont on ne parle pas d’habitude : les secrets qui se transmettent d’une génération à l’autre, les sentiments, les passions, les désirs. Et tout le poids du non-dit, qui brise ici les tabous en se révélant au grand jour.
Un jeu de miroirs où société chinoise et domaine de l’intime se répondent pour esquisser une histoire amoureuse des femmes chinoises : combien elles ont changé dans leur manière de concevoir les relations sexuelles, les sentiments et la famille, et comment l’amour, envers et contre tout, peut résister et survivre à l’Histoire.
Contrairement à Chinoises, ce témoignage ne réunit pas l’histoire de plusieurs femmes disséminées aux quatre coins de la Chine. Xinran nous fait découvrir l’histoire de femmes sur quatre générations d’une même famille. Chacune d’entre-elles ayant assisté aux différents changements sociaux-politiques de la Chine. L’Histoire de cette famille débute en 1920 avec la naissance de Rouge, la première femme interviewée de la famille Han. C’est à travers la vie de cette femme et plus particulièrement dans l’intimité de son mariage que l’on découvre la vie des femmes mariées des années 1940 en Chine. Bien que la relation de Rouge avec son mari fut assez particulière, elle dépeint de manière générale ce qu’il advenait des femmes mariées à cette époque, elles étaient à la fois mariées à leur conjoint mais aussi à leur travail. Cette situation laissait peu de moyen aux jeunes couples chinois d’avoir une vraie vie maritale comme on l’entend de nos jours. Les journées sont rythmées par le travail et ces dernières se terminent tardivement. Cela laissait très peu de place à la romance et aux bons sentiments.
C’est justement sur ce sujet que s’est penchée Xinran, comment les chinoises parlent-elles d’amour?
Au fil de notre lecture, l’auteure met en lumière différents aspects de la vie conjugale des femmes de cette famille et la manière dont elles envisageaient l’amour et tout ce qui est inhérent à ce sentiment. On remarque très rapidement que que leur conception de l’amour et de la vie conjugale est liée au contexte politique de la Chine. Ce pays plein de contrastes et dont les changements s’opèrent à la vitesse de l’éclair a laissé des générations entières de femmes s’adapter seules face à leurs sentiments et leurs désirs.
En écoutant Grue parler ce jour-là, avec cette façon d’accentuer chaque syllabe avec force, j’eus l’impression que ses propos n’étaient pas seulement ceux de la Chinoise quinquagénaire qui se tenait devant moi. Ils étaient les cris assourdissants d’une génération dont la voix résonnait enfin, après plus d’un demi-siècle de répression.
Comme à son habitude Xinran a le don d’entrer dans l’intimité des personnes qu’elle rencontre sans transgresser cette dernière. C’est avec une certaine délicatesse que l’auteure interroge ces femmes et l’écoute qu’elle leur procure est tout aussi importante. En écrivant ce livre, Xinran permet aux nouvelles générations de comprendre les précédentes et de saisir des moments intimes qu’il n’était alors pas possible de connaître. La politique a changé, les mœurs également, et à une époque où l’on essaye de se délester de l’ancien, des vieilles coutumes, il est important de connaître le passé des femmes qui ont construit ce pays en pleine expansion.
Parlez-moi d’amour est un livre précieux à l’instar des recettes de nos grand-mères qui se transmettent de générations en générations. Je vous le recommande vivement !
Bonne lecture !
Judith