Hello !
J’espère que vous allez bien. Ce mois-ci je vous propose un extrait de La Zone du Dehors, le 1er roman d’Alain Damasio que j’ai lu il y’ a quelques temps (vous pouvez d’ailleurs en retourner la chronique ici). Pourquoi cet extrait ? car je l’ai trouvé extrêmement poétique, et cela m’a donné envie de le partager avec vous dès le moment où j’ai lu ces lignes !
– Parle-moi du Dehors.. Parle-moi de ce que tu ressens quand tu viens ici… Qu’est ce que tu viens y trouver…
> Je me décale, sorti de la grâce de l’instant, la question m’énerve, elle suinte une forme de journalisme fouinard bien que j’y sente autre chose aussi, sous la voix de Boule. Finalement, j’avale, nerveux, une bouffer d’ox et ça sort comme d’un cours, dense et calé, comme si ce concept de dehors, tellement ventral pour moi, je ne pouvais en parler qu’avec distance.
– Ce qui est certain, c’est que le Dehors, je ne viens pas le visiter comme un parc, pour y faire une balade ! Je viens le chercher en moi, ici, parce qu’il est d’abord en nous, avant d’être cette sauvagerie qui nous donne le goût d’être et de nous battre ! Le Dehors, c’est l’intime vent, court, vif, qui flue au fond de nos tripes. Il circule en nous, il serpente entre nos atomes de matière, accélère, décélère, jaillit, donne du rythme, agite ! Et la matière cherche à le calmer, à le mettre en cellule, veut le bloquer, le fait buter. Elle fixe. Elle assigne. Si elle bouge, c’est comme le sang, par les réseaux établis. Alors que le Dehors, qui vient de nulle part, eh bien va partout, court-circuite les réseaux, il le ce qui ne l’a jamais été : les reins aux seins, la bouche aux mains, les mains au monde… Il nous aère. Il nous troue le ventre, le coeur. Creuse le crâne. Et chaque fois qu’un vide se fait, que ça se déchire du dedans pour s’ouvrir, même un tout petit peu, alors passe un vent, quelque chose fuit, qui fait appel d’air, ça vit. Ce que je viens chercher ici, c’est cette sensation que l’espace prolifère en moi, comme un cancer qui ferait sa propre place, avec de l’air. Le Dehors entre, m’ouvre, il météorise, il oxygène et ainsi se forme la pensée, ainsi la sensation, lorsqu’elle est neuve ou inouïe.
En espérant que cet extrait vous aura plu,
Mélissa
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