Les vivants, les morts et les marins – Pia KLEMP

Résumé de l’éditeur :

« La révolution est une chanson d’amour qui nous invite à danser sur les ruines de l’Ancien Monde. »

Alors que des milliers de personnes se noient en Méditerranée, cherchant à atteindre l’Europe pour y trouver refuge, une femme capitaine décide de prendre la mer avec son équipage. Elle refuse d’accepter que l’Union européenne ait décidé de laisser les gens mourir en toute connaissance de cause.

Mais quand leurs opérations de sauvetage sont sabotées, elle comprend qu’elle va devoir se battre pour sa liberté et affronter un pouvoir politique qui est prêt à trahir ses valeurs. Son seul espoir : la rébellion.

Un roman engagé pour éveiller les consciences.

A la fin de la journée, nous avons près de quatre cents invités à bord. Nous en remorquons certains dans des radeaux de sauvetage – pas assez de place sur le pont. Sur chacun des radeaux puant le PVC moisi, nous postons un membre d’équipage armé d’une lampe et du fol espoir que tout le monde survive. Chaque seconde passée dans ces lugubres piscines gonflables est un calvaire. Je ne sais pas comment ils font. Finalement, ce sont peut-être des héros, tout simplement. Rome nous promet de nous envoyer de l’aide, des bateaux des garde-côtes qui emmèneront les gens en Italie. Mais comme toujours, ils ne nous disent pas quand. Ça fait vingt heures que l’équipage est en service ininterrompu. Et nos invités ? Ils viennent de subir des mois de fuite et de tortures, et d’y survivre. Nous ne nous plaignons pas, reconnaissants de ne même pas pouvoir imaginer ce qu’ils ont vu.

Mon avis :

C’est un roman brut que Pia Klemp nous propose. Un récit à la 1èrepersonne, qui nous immerge totalement dans la tête de la narratrice et dans ses pensées les plus intimes, sans filtre aucun. 

C’est le type de personnage qui ne plaira pas à toute le monde : une femme capitaine rugueuse, authentique, parfois vulgaire, qui ne mâche pas ses mots et qui assume – la plupart du temps – sa personnalité. On se demande d’ailleurs si ce type de caractère n’est pas essentiel pour réussir à s’affirmer en tant que femme dans un milieu encore très masculin, surtout à son poste.

On sent toutefois poindre parfois la difficulté de s’intégrer dans des nouveaux cercles sociaux avec une personnalité et des convictions très fortes. Elle essaye de se réfréner pour ne pas attaquer les gens avec le veganisme (mais échoue en général car c’est plus fort qu’elle). Il y a une réelle difficulté de se lier au reste du monde, après avoir vécu une vie atypique bien loin du métro boulot dodo et de la petite vie de famille tranquille. On a l’impression qu’elle n’est à l’aise que quand elle est en mission ou dans des actions militantes.

Bien évidemment, le thème central du roman reste, comme annoncé sur la 4èmede couverture, le quotidien de ces sauveteurs en mer méditerranée – leurs joies comme leurs peines, les horreurs qu’ils voient. Ils ne se prennent pas pour des héros, sont conscient de leur chance d’être du côté de ceux qui assistent et sauvent plutôt que de vivre des atrocités, risquer sa vie au quotidien et devoir être secourus.

Avec l’équipage, on subit aussi les bâtons dans les roues de la part des autorités italiennes et de l’UE, qui ne veut pas réellement s’occuper du problème des migrants en mer pour ne pas devoir les accueillir. Tout est fait pour dissuader ces gens de partir en mission pour sauver la vie des migrants en mer, jusqu’à leur coller un procès pour trafic d’être humain, alors qu’ils se battent justement en partie contre le fléau des passeurs. 

C’est un roman dont la limite entre fiction et récit est dur à cerner, car on sait que c’est tout de même inspiré de la vie de l’autrice. Quelle part est romancée, quelle part lui est réellement arrivé, à quel point Pia Klemp se retrouve dans sa narratrice ? Il est toujours difficile de faire la part des choses dans ce type de roman hautement inspiré de la vie de son auteur. Mais après tout est-ce réellement important ? Que ce soit grandement romancé ou non, cela n’enlève pas l’impact du propos de ce livre.

Je remercie Babelio et Fleuve éditions, pour l’envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique de janvier 2021.

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