Le thème de notre club de lecture lyonnais du mois de septembre dernier ne fut autre que « la rentrée littéraire ». Je ne fais pas partie de ces lecteurs qui attendent la rentrée littéraire avec impatience au point de mettre une alerte sur leurs téléphones. Il m’arrive souvent de me retrouver avec un succès littéraire de la rentrée dans les mains plus d’un an plus tard. Cela dit, cette année j’ai dû me plonger dans cette longue liste et je suis tombée sur Nickel Boys de Colson Whitehead publié aux éditions Albin Michel. Colson Whitehead est l’heureux détenteur du Prix Pulitzer mais c’est avant tout la quatrième de couverture qui m’a permis de me décider.
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Résumé de l’éditeur
Dans la Floride ségrégationniste des années 1960, le jeune Elwood Curtis prend très à cœur le message de pais de Martin Luther King. Prêt à intégrer l’université pour y faire de brillantes études, il voit s’évanouir ses rêves d’avenir lorsqu’à la suite d’une erreur judiciaire, on l’envoie à la Nickel Academy, une maison de correction qui s’engage à faire des délinquants des « hommes honnêtes et honorables ». Sauf qu’il s’agit en réalité d’un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices. Elwood trouve toutefois un allié précieux en la personne de Turner, avec qui il se lie d’amitié. Mais l’idéalisme de l’un et le scepticisme de l’autre auront des conséquences déchirantes.
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Nickel Boys fait partie de ces romans que l’on n’oublie pas facilement. Colson Whitehead nous emporte dès les premières pages dans cette Amérique gouvernée par les lois Jim Crow et les discours de paix de Martin Luther King. Tout comme les personnages de son roman, l’auteur n’abuse pas du pathos, bien au contraire, malgré des événements humainement inconcevables il ressort de ce roman une impression de force et d’espoir. C’est avec une certaine justesse que Colson Whitehead donne voix aux personnages de Curtis et de Turner. Nous sommes loin du personnage de roman lambda, ils sont extrêmement bien construits avec des aspirations, un passé par forcément glorieux et surtout une part de mystère.
L’auteur a un style particulier, il nous mène sur la voie du souvenir et entrecoupe ce récit à plusieurs reprises avec les voix du présent. Ces sauts dans le temps, c’est notre narrateur, Curtis Elwood qui les effectue. Avec son aide, le lecteur essaye de résoudre l’énigme qui entoure le personnage de Curtis, de Turner et de tous les jeunes garçons qui ont fréquenté la Nickel Academy.
Nickel Boys est un récit poignant, Colson Whitehead a su retranscrire un tel degré de violence sans entrer dans les détails sordides et avilissants. L’auteur s’adresse tout de même à un public averti, un lectorat qui sait et qui n’a pas besoin d’images parfaitement claires pour avoir une idée des sévices subits. Et c’est ce choix judicieux des mots et des images qui fait de ce texte un roman de qualité.
En espérant vous avoir donné envie de vous plonger dans ce superbe roman,
Judith
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Je suis complètement d’accord avec toi concernant le ton de Colson Whitehead : il est factuel et n’en fait pas des tonnes. Là où certain•e•s lecteur•trice•s pourrait trouver l’écriture froide, je la trouve au contraire très efficace et percutante comme ça. J’aime la sobriété qui est souvent une marque de respect quand il s’agit de sujets violents, sensibles. 🙂
En tout cas j’ai été conquise aussi (mais j’avais deviné le retournement de la fin, ce qui m’a enlevé un petit quelque chose). Je me suis jetée dans « Underground Railroad » après la lecture de « Nickel Boys » et j’ai été encore plus émue.
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C’est tout à fait ça, l’auteur n’en fait pas trop et cela n’empêche pas le lecteur de comprendre la dureté des propos ! Pour ce qui est de la fin, j’ai tout de même eu besoin des 2/3 du roman pour comprendre les indices ^^. J’ai fait exactement comme toi, une fois ma lecture terminée je me suis plongée dans « Underground Railroad » 🙂
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