Hello ! Aujourd’hui je vous présente un roman un peu particulier, La Bibliothèque de Mount Char, écrit par Scott Hawkins et publié chez Denoël puis Folio SF pour la version poche. Pour tout vous dire, je l’ai acheté par hasard en flânant à la librairie Kléber, totalement à cause du titre – ça parle de bibliothèque – et j’avais entendu qu’il y était aussi question de linguistique. Avec ces deux éléments moi je fonce sans trop réfléchir. 😂 Puis on va pas se mentir, la beauté de la couverture a achevé de me convaincre (comment ça, ce n’est pas le meilleur indicateur de la qualité du contenu ?) ! On ne juge pas la façon qu’on les gens pour choisir leurs prochaines lectures, OK ? Allez, trêve de plaisanteries, c’est parti mon kiki pour cette chronique. (Punaise je suis fatiguée moi 😂 )
– Si vous vous révélez vulnérables aux effets du… euh… du système de défense, alors il vaudra mieux que vous ne soyez pas en voiture. Vu la vitesse à laquelle elles roulent, vous risqueriez d’atteindre la zone létale avant de comprendre ce qui vous arrive. A pied, il vous suffit de faire demi-tour si vous vous sentez malade.
– Malade comment ?
– Chacun est affecté différemment. David a attrapé une migraine carabinée. Mon visage s’est mis à saigner. Peter a pris feu. Bref, si vous marchez tranquillement et que vous sentez venir une douleur soudaine, tournez les talons avant que ça empire.
Résumé de l’éditeur
Carolyn était une jeune Américaine comme les autres. Mais ça, c’était avant. Avant la mort de ses parents. Avant qu’un mystérieux personnage, Père, ne la prenne sous son aile avec d’autres orphelins. Depuis, Carolyn n’a pas eu tant d’occasions de sortir. Elle et sa fratrie d’adoption ont été élevés suivant les coutumes anciennes de Père. Ils ont étudié les livres de sa Bibliothèque et appris quelques-uns des secrets de sa puissance. Parfois, ils se sont demandé si leur tuteur intransigeant ne pourrait pas être Dieu lui-même. Mais Père a disparu – peut-être même est-il mort – et il n’y a maintenant plus personne pour protéger la Bibliothèque des féroces combattants qui cherchent à s’en emparer.
Je coupe volontairement les dernières phrases du résumé, qui en dévoilaient un peu trop sur l’intrigue à mon goût.
Mon avis :
Ce livre a été une lecture fort agréable, même si elle avait mal commencé avec une grosse coquille sur la 1ère page – une erreur qui est dure à accepter pour une édition poche (donc réédition, la correction aurait pu être apportée). Ça jette immédiatement un froid quand un livre commence de cette manière, même si ce n’est en aucun cas la faute de l’auteur pour le coup. Mais je vous rassure, après je n’ai pas vu d’autres soucis de ce type.

J’ai mis quelques chapitres à rentrer dans l’histoire, car j’avais du mal à voir la direction que la narration allait prendre. Mais après tout, n’est-ce pas ce que cherche l’auteur ? on est nous-même des « américains » (des êtres humains en somme), on reste aussi stupéfait, déroutés de ce qu’on lit que l’est Steve, « l’américain » qu’on va le plus côtoyer dans ce livre – en opposition aux bibliothécaires, qui n’ont plus grand-chose d’humains en eux.
C’est d’ailleurs immédiatement un sentiment d’étrangeté et de malaise que l’on va ressentir face à la rencontre avec la protagoniste principale, Carolyn, une des « bibliothécaires ». On est intrigué par ce personnage si difficile à cerner et à comprendre. Ça y est, on est embarqué à bord du livre !
On va suivre plusieurs narrateurs, même si le récit sera centré en majorité sur Carolyn, et en moindre mesure sur Steve. Plusieurs interludes (qui prennent plus ou moins la forme de flash-back) servent à raconter le parcours des personnages principaux et en apprendre un peu plus sur eux, pour expliquer leur personnalité et pourquoi ils sont devenus tel qu’ils sont au moment présent. Des interludes qui semblent au départ anecdotiques, mais qui sont pourtant essentielles dans la compréhension et la résolution de l’intrigue.
Concernant l’histoire, il ne faut pas se méprendre : nous avons affaire à une bibliothèque mais qui n’est pas tout à fait comme les autres. Et les bibliothécaires n’ont rien avoir avec l’image que l’on en a traditionnellement. Non vraiment, ces personnages saugrenus ont chacun une spécialité littéraire (lié au domaine d’étude qu’ils doivent maîtriser, comme le meurtre, la résurrection, les animaux… ) et une personnalité bien à part. A vrai dire, ils tiennent plus du psychopathe que du fonctionnaire ! A ma plus grande tristesse et probablement votre plus grande joie, la linguistique n’est présente que de loin (le personnage de Carolyn est spécialisé en langues et en moindre mesure en linguistique.) Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va avoir Saussure et Chomsky héros d’un récit SFF (dommage ça aurait été original 😂) #blaguedelinguistepourrie
Un point que j’ai particulièrement adoré dans ce roman, c’est qu’il est surprenant. La narration est vraiment maîtrisée, si bien qu’on ne s’attend clairement pas à la plupart des twists. Pourtant ils sont totalement cohérents avec l’histoire, c’est donc là un point fort. Je n’aime pas le twist pour le twist, complètement tiré par les cheveux. Non, là c’est juste l’auteur qui nous mène habilement en bateau et arrive à nous surprendre de la meilleure des manières.
Il ne faudrait pas que j’omette un point pourtant essentiel pour chroniquer ce livre, et qui le rend si particulier : le genre. On est dans un thriller fantastique/fantasy, mariant souvent l’horreur et le gore avec le comique – voir le grotesque, notamment avec le personnage de David, plus gros psychopathe de l’univers, qui se balade constamment …. en tutu.
L’auteur nous plonge directement dans son atmosphère puisque le livre s’ouvre sur une jeune femme souriante et ensanglantée – Carolyn – qui marche le long d’une route la nuit, pour partir de la scène du meurtre qu’elle vient de commettre.
Le ton est très noir et nous assistons à de nombreuses scènes violentes et cruelles (avec plus ou moins de détails suivant les moments). Cependant ces violences ne sont jamais gratuites. Et ça c’est un point primordial. Actuellement nous rencontrons bien trop souvent de la violence dans les films ou séries, qui ne sert qu’à choquer le public sans rien apporter à la narration. Ici ce n’est pas le cas, toutes ces scènes servent à construire la trame du récit. Elles ont une importance dans le développement et la construction des personnages, et sont donc nécessaires.
C’est donc un roman dont j’ai particulièrement apprécié la lecture. J’ai notamment adoré l’humour noir, cet alliage de comique et d’horrifique. C’est un auteur que je suivrai à l’avenir (à noter que c’est son 1er roman, il en est d’autant plus remarquable). On est passé vraiment à un cheveu du coup de cœur pour ce livre. Âmes sensibles s’abstenir, sinon foncez le lire !
A très vite pour une nouvelle chronique,
Mélissa
Titre : La Bibliothèque de Mount Char
Auteur : Scott Hawkins
Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 576 pages
Prix : 9,10€
Date de sortie : 09/05/2019
ISBN : 9782072844645
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